Mercredi 8 Août 2018, toute une délégation -composée du Délégué Général d’ANI-INTERNATIONAL Romuald Dzomo Nkongo, de la présidente du réseau Henriette Avozoa, de la vice-présidente Florence Mama Nga, de la représentante de CNI Nicole Amatala et enfin des deux volontaires pour ANI, Mathilde et Clémence – s’est rendue à Batchenga, ville située à une soixantaine de kilomètres de Yaoundé. La mission avait un but précis : assister à la cérémonie de réception du matériel agricole qui doit équiper l’unité de transformation de Batchenga et préparer l’ouverture de ses portes. Cette mission a été programmée après la foire, comme pour dire que le projet ne s’arrête pas après ce temps très médiatisé qui l’a fait connaitre par les Camerounais. En attendant donc cette ouverture prochaine, la journée a été l’occasion pour le promoteur d’ANI International de venir discuter avec les femmes de Batchenga sur leurs terres.

Notre arrivée a été saluée par des chants traditionnels de bienvenu exécutés par les mamas du point focal Batchenga/Obala. Plusieurs chefs traditionnels avaient été conviés à la cérémonie montrant que le projet est accueilli par les autorités locales. Après avoir chanté l’hymne camerounais et écouté le discours d’introduction de la responsable du point focal (Madame Charlotte Eyengue) ainsi que celui du promoteur d’ANI, un échange très constructif et intéressant a pu débuter. En partant du constat que, bien évidemment, aucun projet de développement n’est infaillible nous avons entamé un dialogue entre l’assemblée, composée de membres du REPTRAMAL, et notre délégation, dans le but de répondre aux interrogations et d’écouter les doutes, remarques et critiques constructives des uns et des autres. Les attentes sont énormes et parfois le projet mal compris ce qui justifie le besoin en formations programmées.

Assemblée réunissant les membres du point focal Batchenga/Obala

L’association ANI-INTERNATIONAL et son partenaire le REPTRAMAL porte un projet de développement très volontariste, et ce avec des moyens limités et des ressources humaines encore plus limitées, ayant de potentielles et importantes retombées pour les bénéficiaires : rien n’est donc facile et le doute est évidemment permis. Le promoteur d’ANI a essayé d’expliquer aux femmes que les projets de développement sont difficiles et qu’il faut parfois être patient malgré les déceptions. Pour une meilleure compréhension de l’assemblée et une visualisation des difficultés auxquelles l’association ANI fait parfois face, la vice-présidente du REPTRAMAL a pris un exemple simple : entre le moment de l’annonce du partenariat avec le PIDMA (pour obtenir le matériel agricole et créer 5 unités de transformation), la signature de la convention et la livraison physique de ce matériel, plus d’un an s’est écoulé. Et pour arriver à cette livraison, malgré la convention signée, rien n’a été facile. Cette durée peut paraitre raisonnable d’autant plus qu’il a fallu faire entièrement fabriquer ce matériel par des artisans locaux, mais pour les membres, tous ces mois ont contribué à faire monter en eux le doute. Beaucoup se sont demandés : « Aura-t-on réellement ce matériel un jour ? ». La communication au sein d’un projet de développement rural est essentielle afin que les bénéficiaires comprennent les enjeux de tels projets et leurs difficultés.

Finalement, après deux heures de discussion, et l’intervention d’un homme de l’assemblée pour percer l’abcès, nous avons mis tous les sujets sur la table, ce qui a été bénéfique pour le projet : les enjeux, les objectifs, les difficultés ont été abordés en toute transparence. Ce projet est complexe car il demande un investissement et une implication très forte des principaux bénéficiaires : arriver à ouvrir une unité de transformation n’est pas si simple et arriver à la gérer l’est encore moins. Cela suppose d’obtenir les autorisations et la bénédiction des autorités locales – mairie, sous préfecture -, de gérer la propriété du local, de gérer le fonctionnement de l’unité, ainsi que son approvisionnement etc…. L’objectif est aussi de responsabiliser chacun sur le travail accompli et celui qui reste à accomplir.

Après ces échanges, les Camerounais étant un peuple très croyant à majorité chrétienne, le prêtre a béni le matériel agricole. Nous nous sommes alors tous assis pour déguster les plats que les femmes avaient cuisiné : plantain à la vapeur, bâton de manioc, viande de bœuf, le pkwem et enfin le met de pistache.

Clémence et Mathilde, Volontaires en service civique